Pourquoi Avons-Nous Besoin De Plus De Femmes En Politique ?

Les femmes sont souvent des ambassadrices dynamiques du changement. Leur participation à la prise de décision, au même titre que les hommes, est essentielle pour garantir une plus grande réactivité aux besoins des citoyens, ainsi que pour construire et soutenir les démocraties dans le monde entier. Pourtant, les femmes ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à une représentation égale aux postes de pouvoir et de direction, que ce soit dans les conseils d’administration des entreprises ou dans les cabinets présidentiels.

Tout au long de l’histoire, les femmes dirigeantes ont été extrêmement rares, mais des progrès ont certainement été réalisés. Aujourd’hui, nous avons plus de femmes législatrices que jamais auparavant. Leur proportion dans le monde est passée de 13 % en 2000 à 25 % en 2020. Certaines régions ont enregistré des gains plus importants, comme l’Afrique, où le nombre de législatrices est passé de 11 à 24 %. Les États arabes ont également connu une augmentation significative, passant de 3 à 17 %. La proportion de femmes présidentes de parlement a également doublé au cours des 25 dernières années. Les femmes occupent désormais les fonctions de présidentes de parlement dans toutes les régions du monde, à l’exception du Pacifique.

Pourtant, la présence égale des femmes, leur leadership et leur perspective dans les parlements sont sous-représentés dans les fonctions politiques presque partout dans le monde. En moyenne, les femmes ne représentent que 23 % des parlementaires nationaux, selon les données mondiales sur les parlements nationaux.

Malgré ces avancées, les femmes occupent encore rarement des postes de direction. Les progrès vers l’équilibre entre les sexes à travers le monde sont lents et inégaux. À l’aube de 2020, les femmes ne dirigeaient que 20 des 193 nations et n’occupaient qu’un quart des sièges parlementaires dans le monde. Les femmes n’ont une majorité égale ou supérieure que dans quatre parlements dans le monde : le Rwanda, Cuba, la Bolivie et les Émirats arabes unis. La représentation des femmes dans le monde est toujours inférieure à 30 % – le point de référence identifié comme le niveau de représentation crucial pour atteindre une “masse critique” de législatrices permettant d’avoir un impact significatif, plutôt qu’une poignée symbolique. Les lois et pratiques discriminatoires freinent les femmes, tout comme les restrictions en matière d’éducation, de revenus et de temps consacré aux soins. Bien que les femmes aient fait des progrès dans de nombreux domaines, au rythme actuel du changement, nous ne verrons pas la parité des sexes dans les gouvernements, les parlements ou les tables de paix avant le siècle prochain.

Le fait que les femmes n’occupent qu’un quart des sièges parlementaires dans le monde est un rappel brutal de l’inégalité entre les sexes, il est également révélateur de la dynamique du pouvoir au sein des sociétés. Pourtant, certains se demanderaient pourquoi faut-il que d’avantage de femmes participent à tous les aspects du processus politique ? Tout simplement parce que la représentation des femmes est nécessaire pour assurer une démocratie fonctionnelle et efficace.

Les femmes ne sont pas une minorité ; elles représentent la moitié de la population mondiale. Pour que les institutions politiques soient démocratiquement légitimes et répondent aux besoins de tous les citoyens, elles doivent tenir compte de la pluralité des groupes qui existent au sein de la population. Cela passe par une plus grande représentation des femmes dans les parlements nationaux et une plus grande diversité. Une fois qu’elles occupent des postes de direction, les femmes peuvent faire une différence qui profite à des sociétés entières. L’Union interparlementaire a constaté que les femmes politiques accordent plus d’attention au bien-être social et aux protections juridiques, et améliorent la confiance.

Depuis 1995, le monde a fait de grands progrès vers l’égalité des sexes. Par exemple, au cours des dix dernières années, 131 pays ont adopté 274 réformes juridiques en faveur de l’égalité des sexes. Il s’agit notamment de lois visant à éliminer la violence à l’égard des femmes, la garde des enfants et les soins de santé universels. Les recherches indiquent que ces réalisations ont coïncidé avec un nombre croissant de législatrices dans le monde. L’une des raisons en est que les femmes légifèrent différemment des hommes. Même lorsque les femmes semblent être en nombre limité au sein du corps législatif et que les dynamiques économiques et politiques rendent la tâche plus difficile pour les femmes, les résultats suggèrent que les femmes continuent de légiférer différemment en accordant une plus grande priorité aux droits des femmes et des enfants.

Les données d’enquête montrent que les services publics de garde d’enfants sont une priorité plus élevée pour les femmes que pour les hommes (Wippermann 2016) et que l’offre de travail féminin est très réactive à la disponibilité des services de garde d’enfants (Gathmann et Sass 2018). Margot Wallstrom, ancienne ministre suédoise des Affaires étrangères, citant des exemples en Norvège, en Allemagne et en Nouvelle-Zélande de femmes au leadership discret, inclusif et fondé sur des preuves, a déclaré : “Les femmes dirigent souvent dans un style très différent de celui des hommes”.

               Mme Wallstrom a également fait remarquer que la santé publique est une préoccupation traditionnelle “à domicile” pour de nombreuses femmes dirigeantes. Grant Miller, expert en économie de la santé à l’université de Stanford, a constaté que lorsque les États, un par un, ont accordé le droit de vote aux femmes à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, ces États ont également investi davantage dans l’assainissement et la santé publique, sauvant ainsi la vie de quelque 20 000 enfants par an.

            Donc, pour conclure, pourquoi les femmes en politique sont-elles importantes ? Premièrement, c’est une question d’équité et de droits de l’homme – deux pierres angulaires d’une société démocratique. Deuxièmement, une large représentation des femmes dans les parlements a un impact énorme sur les questions soulevées et sur l’élaboration des politiques. Troisièmement, cela crée une marge de manœuvre pour réformer et réviser les lois discriminatoires à l’égard des filles et des femmes.

The original article can be found here, translated from English by Salma Louaddi.

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