Les contraintes socio-culturelles : un obstacle à la participation politique effective des femmes au Maroc

  • La participation politique des femmes au Maroc : Quelle histoire ?

La parité entre les femmes et les hommes est devenue de plus en plus un défi mondial, et le Maroc ne peut pas rester à l'écart de cette dynamique. D’ailleurs depuis les années 2000 de multiples réformes ont été entamés, plus la volonté royale, visant à encourager l’égalité entre les sexes a contribué énormément en matière de promotion de la participation politique de la femme marocaine.

D’autre coté, les constitutions marocaines successives de 1962, 1972, 1992, et 1996 ont affirmé que les femmes et les hommes jouissent de l’égalité des droits politiques, mais en 2011, la nouvelle constitution a renforcé et exigé en matière de loi l’égalité entre les deux sexes en termes de tous les droits politiques, sociales, et économiques.

Cette consécration constitutionnelle a permis une promotion des droits des femmes, dans ce sens le Maroc est passé de 30 sièges réservés aux femmes dans la chambre de représentants en 2002 à 90 sièges en 2021, soit le double de nombre des places exclusivement réservée aux femmes.

La liste nationale et le quota au Maroc ont été juste un outil temporaire pour augmenter le nombre des femmes dans la chambre des représentants, la liste nationale réserve 60 sièges pour les femmes sans aucune garantie de leur inclusion dans les instances de décision, ce qui nous donne juste une représentation significative à l’égard des médias et de la société.

En 2021 le législateur marocain a remplacé les listes nationales par les régionales répartissant les 90 sièges consacrés aux listes nationales selon des quotas régionales et ce dans le respect de deux principaux critères, à savoir le nombre d’habitants et la représentativité de la région, vu sa place constitutionnelle dans l’organisation territoriale du Royaume. Dans la même sens, ce texte réserve exclusivement la première et la deuxième place aux femmes, cela a renforcé la représentativité politique des femmes, et il a encouragé la participation des femmes dans la gestion des affaires publiques, facteur de démocratisation de la société.

En face de ce grand effort, la parité au niveau des instances élues n’est pas atteinte. Il constitue un taux de représentativité de 24 % au sein de la première chambre. Sur 95 femmes élues à la chambre des représentants, 5 seulement l’ont été en dehors des listes régionales, et bien évidement ces statistiques sont loin d’être satisfaisants.  Et alors la représentation inégale des femmes dans les postes de décision reste un obstacle à la réalisation de l’égalité des sexes dans la société.  

  • La discrimination basée au genre bloque la participation politique des marocaines

Les femmes ont été toujours victimes d’attaque politique à caractère sexuelle, elles sont toujours dénigrées par leur physique, en attaquent leur sexualité, et en quête de pouvoirs sont souvent mal vues. Cependant ces stéréotypes consolident le cercle vicieux des discriminations et des violences basées au genre.

En revanche de diminuer l’absence des femmes dans le sphère politique, la Maroc a consacré un arsenal juridique, certes, il reste très limité, en effet seul l’article 22 de la loi organique n°36-04 des partis politiques a traité la représentation féminine au sein des partis « Les structures du parti doivent prévoir un nombre proportionnel de femmes et de jeunes devant les sièges d’instances dirigeantes du parti ». Dès lors, la parité implique la nécessité de recourir à des mécanismes institutionnels contraignants mais également et surtout à reformuler les lois internes des partis et ainsi à renforcer les capacités des femmes avant les élections, ce renforcement des capacités des femmes est un droit constitutionnel, qui oblige les partis de former les femmes élues. 

Autrement il est important dans cette optique, que les partis politiques doivent intégrer la question de genre et les questions d’égalité des sexes dans leurs programmes politiques.

Le Maroc a pris conscience qu’aucun développement réel ne peut être réalise sans l’implication effective des femmes dans la gestion des affaires publique, à l’égard de ce grand engagement moral, il est malheureux de parler sur une participation sans intégration total dans les instances de décision.

De leur côté les médias exercent un traitement médiatique différences aux femmes et aux hommes politiques. Les premières sont plus questionnées sur des sujets perçus comme féminines, tel que le travail domestique, l’éducation des enfants. Ainsi les médias font de leur style de vêtements et de communication un objet de commentaire, en oublient leurs compétences et leur réalisations politiques. De plus les femmes candidates ont fréquemment un temps de parole réduit comparé à celui des hommes et sont plus facilement interrogés sur des aspects en relation avec leur vie personnelle.

Les stéréotypes et les inégalités de genre ont des répercussions directes sue la façon dont les femmes se perçoivent et sur leur sentiment de légitimité à s’investir dans des activités politiques, Avec cette pression patriarcale, les femmes se trouvent moins crédible, moins écoutées et plus critiquées que les hommes.

Ce manque de confiance de la part de la société a un impact direct sur la volonté féminine envers la participation au changement sociale.

La limite des postes politiques des femmes dans les secteurs des droits des femmes et de culture ainsi limite leur rôle dans les sujets perçus « féminine ». Ni au moins la nécessité d’être validée par un homme réduise la marge de la manœuvre des femmes en termes d’actions et prises de risque dans l’espace politique.

L’amélioration de la représentativité féminine a besoin d’être traduit dans des changements profonds des mentalités, des attitudes et des comportements à travers un processus qui commence par le niveau individuel de chaque femmes élue dans son estime de soi, ses capacités, en plus le niveau organisationnel qui doit interroger les horaires et les lieux des réunions.

Pour les élues, il est nécessaire de renforcer le leadership de ces femmes, de développer leur réseautage et prévoir des mécanismes de financement de leur compagnes électorales, encore la capitalisation de l’expertise de ces femmes.

De même les médias à leur tour ont obligés de développer leur formation autour de l’approche genre afin de d’avoir un  traitement médiatique sérieux et concret.

La question du sexisme en politique est un vrai challenge  qui oblige la promotion d’un espace publique non sexiste et d’offrir aux femme les possibilités de formation et d’instruction.


La bibliographie :

Projet de loi n°79-14 relatif à l’Autorité de la Parité et de Lutte contre toutes les formes de Discrimination

https://www.cese.ma/media/2020/10/Avis-Projet-de-loi-n%C2%B079-14-relatif-%C3%A0-lAPALD.pdf

Maroc : pour plus de femmes dans le champ politique

https://www.lepoint.fr/afrique/maroc-pour-plus-de-femmes-dans-le-champ-politique-06-09-2021-2441625_3826.php

Élections de 2021, un tournant majeur pour la représentativité politique de la femme

https://lematin.ma/journal/2021/elections-2021-tournant-majeur-representativite-politique-femme/362277.html

Orientations pour une meilleure participation des femmes au sein des conseils des collectivités territoriales du Maroc

https://www.oecd.org/mena/governance/orientations-pour-une-meilleure-participation-des-femmes.pdf

Appel au renforcement de la représentativité féminine dans les parlements de la région MENA

https://www.chambredesrepresentants.ma/fr/actualites/rabat-appel-au-renforcement-de-la-representativite-feminine-dans-les-parlements-de-la

Une grande avancée pour le leadership féminin au Maroc

https://blogs.worldbank.org/fr/arabvoices/big-step-forward-womens-leadership-morocco


A propos de l’autrice:

Kenza Sammoud est une journaliste marocaine et une militante de la cause des femmes. Elle participe actuellement à notre programme #Women4leadership. Kenza a commencé à militer à l'âge de 15 ans et a réussi à mobiliser sa communauté pour relever les défis liés aux droits des femmes. Grâce à son militantisme, elle aspire à ce que la société marocaine et africaine soit prête pour une égalité effective entre les sexes. Son travail de journaliste lui a permis de faire entendre la voix des femmes et d'ouvrir la porte à d'autres femmes qui ne sont pas dans la salle et c'est exactement ce que signifie pour elle le leadership féminin.





Previous
Previous

Women’s Gender Role: essentialism or social construct? 

Next
Next

Comprehensive Sexual Education: Between Reality and Expectations